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Atterrissage forcé

samedi 21 octobre 2006, par Piovr Octopovitch

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Émetteur : Astronef-explorateur Les yeux du Peuple Pieuvre. Distance à la planète-mère Piovra ! de 11 812 années-lumière. Passage par la porte galactique quantique dodécadimentionnelle 18. Temps de remolécularisation de l’équipage : 127 nanosecondes. Distance à l’objectif de seulement 12,8 milliards de kilotentacules. Mission d’exploration galactique XZ-342, troisième système stellaire abordé.

Le système stellaire S-812B est constitué d’une étoile commune de type µ et de 225 planètes, dont huit principales : quatre planètes solides et quatre géantes gazeuses dont une entourée d’un vaste système d’anneaux. Ces deux catégories de planètes sont séparées par une ceinture d’astéroïdes comportant une petite planète. Nous avons tenté une approche de la troisième planète solide à partir de l’étoile car elle semblait apte à abriter la vie. Ce qui a été vérifié. Les quelques données physiques, thermiques et chimiques recueillies lors de l’approche nous ont donné un résultat de TEPP (Taux d’espoir de présence de pieuvres) de 86,89 %, résultat assez faible par rapport à la moyenne galactique. Nous n’avons malheureusement pas pu établir l’IRPP (Indice réel de présence de pieuvres) de cette planète, le rapport ci-dessous vous fera comprendre pourquoi.

Rapport

Autant vous le dire tout de suite, ça nous évitera de nous faire engueuler, un incident grave quoique drôle est à signaler : le troisième mécanicien-astrochauffagiste s’est laissé corrompre par notre attaché en « archéo-philosophie-communicative avec les entités biologiques de l’espace » en acceptant d’introduire clandestinement dans le vaisseau une plante d’agrément, ce qui est rigoureusement interdit. Le malheureux s’est recomposé après le passage par la porte quantique dodécadimensionnelle en combinant les molécules de son ADN avec celles de la plante qu’il pensait avoir cachée à l’abri. Le résultat est viable, pas très vilain esthétiquement une fois que l’on s’y est habitué, mais le pauvre bougre vit mal cette expérience et voudrait bien qu’on lui démêle les tentacules de sa partie végétale très feuillue et très branchue qui compose désormais la moitié de ce qui est son nouveau corps. Il aimerait bien retrouver l’intégralité de sa pieuvrité, mais nous ne pouvons rien faire pour lui pour le moment, n’étant pas outillés pour. Il ne souffre pas mais ne semble pas croire en notre bonne volonté. On peut comprendre sa mauvaise humeur. Le retour par la porte quantique dodécadimentionnelle sera l’occasion d’une nouvelle recomposition moléculaire qui, si notre médecin et notre jardinier bricolent ensembles avec succès, lui fera retrouver son aspect physique antérieur. Il n’est par contre pas certain qu’il retrouve son intégrité psychologique. En attendant, nous l’arrosons régulièrement avec une quantité d’eau permettant la survie de sa partie végétale coupée à l’astrognole afin de le décontracter un peu. Un savant mélange entre les deux a été mis au point par notre barman qui, par chance, est un féru d’horticulture. Préparez un accueil psycho-médical – ou, à défaut, une place confortable dans un beau jardin – à notre retour sur Piovra !.

Nous avons réussi à nous mettre en orbite autour de la planète TLYRJ-1785-IS à 942 unités temporelles (UT) tapantes comme calculé par notre système de navigation. Mais, un accident s’est produit dès le troisième tour de la planète : nous sommes entrés en collision avec un assemblage hétéroclite de boites de conserves, de râteaux et de panneaux solaires (une technique spatiale archaïque venant probablement des habitants de TLYRJ-1785-IS) sur laquelle nous avons pu voir les symboles « STATION SPATIALE INTERNATIONALE », ce qui a provoqué notre atterrissage forcé et involontaire sur cette planète. Heureusement, nous avons réussi à éviter le crash et avons pu nous poser brutalement sur la surface d’un continent sans trop de dommages. Nous avons eu chaud aux tentacules !

Nous avons eu de la chance car les trois quart de la surface de cette planète se sont révélées être recouverts d’océans comme nous l’avons réalisé après notre départ en observant cette planète à distance de sécurité car de nombreuses immondices tournent autour – encore les techniques spatialesarchaïques des autochtones. La zone sur laquelle nous avons dû rester pendant 12 UT avant notre départ après quelques réparations était assez ravagée : il semblerait que beaucoup de vaisseaux s’y soient écrasés avant nous. Nous y avons trouvé une quantité incroyable d’amas de ferrailles, de tôles et de débris de toutes sortes et de toutes tailles. Nous avons observé de loin des singes hagards errant entre ces ferrailles : sûrement des survivants des crash antérieurs à notre arrivée, ce qui nous a fait conclure que ces crash étaient récents. La zone est en grande partie recouverte d’une épaisse croûte solide sombre faite d’hydrocarbure et fortement malodorante, c’est dire la chaleur dégagée par les impacts des crash des vaisseaux moins chanceux que nous. Le carburant de ces engins a dû se déverser, recouvrir tout le secteur, se mélanger avec le sol fondu par la chaleur des impacts avant de se solidifier / se vitrifier rapidement par un processus chimique complexe que nous n’avons pas eu le courage d’analyser car l’aspect général très déplaisant de cette croûte sombre potentiellement dangereuse nous a tenu à distance.

Terre et pieuvreLes singes bipèdes observés semblent assez amochés tant physiquement que psychologiquement. Physiquement, d’abord : ils ont perdu la quasi-totalité de leurs poils, à par ceux qui sont implantés sur le sommet de leurs crânes. Certains en sont même totalement dépourvus ! Psychologiquement ensuite, car leur comportement semble très perturbé, même pour des primates, déjà fous par nature : ils entrent dans de vastes débris parallélépipédiques et mi-cylindriques de vaisseaux qui portent des inscriptions encore non-traduites du genre « ENTREPRISE », « ATELIER », « HANGAR », « GROSSISTE EN ENCLUMES A PRIX FOUS », « CENTRE COMMERCIAL », « ENTREPOTS », « GARAGE AUTOMOBILE », « 4-4 DEALER » et « TOUT MATERIEL DE BRICOLAGE, SEXE ET SPORT ». Le plus hideux d’entre tous semble avoir presque entièrement fondu tellement que c’est moche et porte les inscriptions « FAST FOODBURGER ». Il contient une horrible statue de singe, elle aussi fondue, vu sa laideur, qui arbore les inscriptions « RONNIE MACDONALD ». Les singes déambulant là-dedans avaient reçu un tel choc psychologique que nous avons dû désintégrer cette épave afin d’abréger les souffrance de ces pauvres animaux. Ils en étaient arrivés à manger des déchets infâmes dont nous transmettons quelques images imprimées sur fibres végétales trouvées sur place avec les inscriptions « BIG BURGER FRITES-MAYO » et « BIG MAC BURGER A LA MENTHE » (à transmettre à nos avocats lors de notre procès au retour comme pièces à conviction pour « circonstances atténuantes »). Pouvions-nous rester insensibles devant une telle souffrance ? Il nous fallait agir avec le peu de moyens dont nous disposions à bord, et les techniques anesthésiques pour pieuvres ne sont pas adaptables aux singes. Pauvres singes d’ailleurs ! Les laisser s’empoisonner aurait été l’oeuvre de tortionnaires.

Une fois les réparations du vaisseau effectuées, nous avons amené avec nous un bout de métal portant les inscriptions « ZONE INDUSTRIELLE » pour analyses futures en laboratoire et avons déguerpi non sans avoir bousculé à la sortie de l’atmosphère un engin primitif sur lequel nous avons pu relever « NAVETTE SPATIALE » avant que celui-ci ne se volatilise dans l’atmosphère. Désolés ! Nous n’avons pas pu continuer l’exploration de ce monde que d’autres pieuvres aborderont probablement après nous. Notre matériel d’exploration a été en effet sacrément malmené par l’atterrissage assez brusque et notre mécanicien-astrochauffagiste a cassé le matériel jusque-là épargné dans un accès de fureur végétale. Nous plaidons la mansuétude à son égard vu les circonstances.

Afin de ne pas rentrer totalement bredouilles, nous avons fait une courte halte sur la lune recouverte de cratères de cette planète. Nous y avons trouvé une épave archaïque de vaisseau provenant sûrement des habitants de TLYRJ-1785-IS. Nous avons dérobé un étrange artefact fait d’une haute tige à laquelle était fixé un rectangle de tissu composé de bandes horizontales rouges et blanches et de 50 étoiles blanches sous fond bleu placées dans un coin. C’est très grossier pour nous, pieuvres évoluées, mais c’est comme ça. Au pire des cas, ça fera une pièce de plus à mettre dans le Musée des horreurs galactiques.

Nous pensons être de retour sur Piovra ! 112 UT après réception de ce message. Préparez la gnôle !

Ce site, « Les fabuleuses pieuvres de l'espace », est une émanation du Site pataginaire qui, aux côtés des pieuvres de l'espace, évoque divers sujets. Les textes sur les pieuvres y figurent avec une autre présentation dans la rubrique pieuvres de l'espace. Nos recherches nous ont appris que les pieuvres de l'espace ont atteint un degré d'ontologie tel qu'elles méritaient bien qu'un site leur soit entièrement consacré.