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Ce qu'il faut savoir avant de tenter d'établir
tout dialogue avec une pieuvre de l'espace

La communication interplanétaire ne s’improvise pas !

vendredi 26 mai 2006, par Piovr Octopovitch

L’étude de nos propres pieuvres, celles de la Terre, peut nous faire entrevoir une sorte de portrait robot des pieuvres de l’espace. Une sorte de « minimum syndical » sans lequel aucune créature ne pourrait être authentiquement et éthiquement qualifiée de « pieuvre ». Certes, il y a des évolutions particulières endémiques sans équivalent ailleurs que sur notre planète. L’idiosyncrasie de la pieuvre terrienne si vous voulez. Il n’empêche, le côté extraordinaire des pieuvres de notre planète est des plus troublants. Elles ont en elles comme un côté « extraterrestre ». Cet aspect n’implique absolument pas une origine extraterrestre de nos pieuvres. Non ! Par contre, il est un élément sérieux allant dans le sens de notre théorie biologique universelle qui affirme que la pieuvre est la forme de vie la plus simple, la plus efficace, la plus aboutie et par conséquent la plus répandue dans l’Univers.

C’est nous, vertébrés, mammifères etc., qui sommes en réalité les plus étranges dans ce monde. La devise peinte en grosses lettres rouges sur les murs de notre Laboratoire de biologie de l’espace appliquée (section pieuvres) insiste sur ce dernier point : « avec un corps de pieuvre, tu fais ce que tu veux. Avec un corps de pieuvre, le champ des possibles est immense. » Nos pieuvres respectent simplement les grandes lignes de la pieuvre universelle de base. La souche à partir de laquelle une multitude de variétés locales se développent selon les conditions de la planète hôte. Un hasard incroyable, une infime possibilité s’étant néanmoins réalisée a fait en sorte - n’y voyez aucune volonté - que nous ne soyons pas des pieuvres. Nous les regardons donc bizarrement. Déformation anthropocentrique. C’est un peu comme le grumeau dans la soupe, on habite dans le grumeau, du coup, on pense que tout est comme le grumeau. « C’est dans le grumeau qu’on voit le moins la soupe » dit le proverbe. C’est bien là le problème. De notre planète à la faune des plus improbables nous n’arrivons pas à prendre conscience du vrai visage de l’Univers. Biologiquement parlant : une face de pieuvre.

pieuvre communicanteUn article (« Une communication aux motifs changeants » de Laure Bonnaud et Renata Boucher-Rodoni) d’un numéro spécial de la revue Pour la Science (« La communication animale. Kaléidoscope des langages », janvier/avril 2002) nous dévoile quelques uns des extraordinaires secrets des pieuvres. Nous passerons en revue les plus importants, ceux qui peuvent nous faire entrevoir ceux des pieuvres de l’espace. Ceux qui sont transposables « outre-Terre ». Ça pourra peut-être servir un jour. Imaginez, malgré son infinitésimale probabilité, qu’un vaisseau spatial extra-solaire se pose chez nous, les humains. Des pieuvres en sortent. Comment tenter de communiquer avec elles ? Par la parole ? Par du son, des notes de musique comme dans Rencontres du troisième type ? Nous allons voir que non ! Spielberg a été complètement à côté de la plaque avec ses petits extraterrestres glabres et humanoïdes. Il n’a pas su « voir » la pieuvre universelle. Après la tortue décarapacée, ET, il a même carrément commis un crime éthique en supprimant les pieuvres martiennes de La guerre des mondes originelle. Désastre !

La censure de Spielberg n’est qu’une anecdote pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore les pieuvres de l'espace. La pieuvre dégoutte, dérange, inquiète, fait peur. L’article cité plus haut met en exergue une phrase de Victor Hugo : « Tous les idéals étant admis, si l’épouvante est un but, la pieuvre est un chef-d’oeuvre ». Un « chef-d’oeuvre », certes, mais « de l’épouvante ». Il y a aussi la « pieuvre de la maffia », voire pire, dans la série des métaphores animalières déplorables ! Il faudrait un peu abandonner ce genre de ressentiments ridicules et superstitieux. Imaginez que les pieuvres de l’espace arrivent dans quelques mois, nous serions au bord de l’incident diplomatique avec des images pareilles ancrées dans nos mentalités. Préparons-nous à les accueillir dans de meilleures conditions, avec un état d’esprit plus ouvert. Surtout que la pieuvre est vraiment fabuleuse. Elle a de quoi enchanter nos élans oniriques. Voyons donc voir ça...

D’emblée, l’article nous explique que la pieuvre possède un « système nerveux central, condensé en un véritable cerveau situé entre les deux yeux » et que « les autres mollusques ne possèdent pas de cerveau ». La pieuvre n’est donc pas rudimentaire. Si la capacité de penser (nous préférons ce terme à « intelligence », trop arbitraire) n’est pas un accident de l’évolution ou une catastrophe (comme dans l’exemple de la Terre), mais un avantage, les pieuvres de l’espace sont prédisposées à en être dotées. Comment communiquer avec de telles pieuvres ? « L’ouïe des céphalopodes est plus que rudimentaire, il n’a jamais été démontré, tant en laboratoire qu’en milieux naturel, que les céphalopodes réagissaient aux bruits ». Et voilà pour Spielberg ! Remballe ton synthé en plastic interstellaire ! Abandonnez toute tentative sonore. Les messages chimiques et les phéromones ne fonctionnent pas non plus, « sauf en période de reproduction ». Nous ne conseillons pas cette voie. Respectez leur vie intime.

Tout est dans le visuel. C’est le moyen idoine pour communiquer avec les pieuvres. « Le tégument des seiches ou des pieuvres affiche des variations dans le ton, la couleur, l’ombre et les contrastes qui sont autant de messages. Ces signaux picturaux, qui comprennent également les postures ou les mouvements, sont perçus grâce au système visuel. [...] Ainsi les céphalopodes sentent peu, entendent mal, mais voient extraordinairement bien ». Les couleurs, les gestes, « postures et mouvements », semblent importants. Le dialogue fraternel avec les pieuvres de l’espace se fera à l’aide d’une langue des signes et de codes de couleurs. On pourrait imaginer des mouvements de bras et de doigts essayant de rappeler aux pieuvres des mouvements de tentacules. Nos doigts imiteraient - certes mal en raison de leur anatomie grossière - les membres de nos visiteurs. Des gants de différentes couleurs - comme les gants de vaisselle - seraient très utiles pour affiner nos échanges. Nous gagnerions à les munir d’imitations de ventouses disposées sur les doigts afin que les pieuvres - si celles-ci portent des ventouses, nous verrons dans un texte à venir que les pieuvres de l'espace ne sont pas toutes dotées de ventouses - saisissent bien notre intention de communiquer.

Le toucher semble jouer un rôle (les ventouses sont très innervées) mais gardons-nous bien de nous précipiter vers des contacts tactiles / tentactiles qui, s’ils arrivent trop tôt, pourraient tout gâcher. Évitons la gaffe car les céphalopodes ont de la mémoire. Il faudra bûcher sévère les postures, gestes et codes de couleurs à employer. Si la chorégraphie des mains gantées de couleurs arrive à établir une base de discussion, l’emploi de lampes pouvant émettre plusieurs couleurs sera indispensable. Il faudra alors former des binômes d’interprètes, l’un mimant les tentacules avec ses bras et ses doigts, l’autre envoyant des flash de couleurs avec les lampes. Les couleurs étant importantes pour les pieuvres, les organisateurs de la cérémonie d’accueil devront proscrire toute présence de drapeaux. Certaines couleurs nationales pourraient très bien, traduites en pieuvre, être de terribles injures ! Les conséquences pourraient être irréparables. Pas de drapeaux donc, et pas d’hymne non plus, puisqu’elles n’entendent rien. Elles pourraient prendre les instruments de musique d’une fanfare pour des armes ! Ayez conscience qu’elles ne peuvent pas comprendre ce que c’est !

« Malgré la complexité de leurs yeux, toutes les expériences menées jusqu’à aujourd’hui [...] n’ont pu montrer que les céphalopodes voyaient les couleurs. A quoi peuvent bien servir, alors, les motifs chamarrés qu’ils arborent s’ils ne sont pas capables de capter la subtilité des coloris ? » La manière de « capter » les couleurs des pieuvres frise la poésie. Les cellules de leurs rétines, « contrairement aux cônes et bâtonnets de notre rétine, sont sensibles à la lumière polarisée. [...] Ainsi chaque coloris est traduit en une vibration spécifique de la lumière et chacune est captée par la rétine, rendant exactement les variations de motif, mais sans les couleurs. » On n’y comprend rien, mais l’émotion est là. Les pieuvres semblent avoir un rapport plus physique que nous avec les couleurs.

Les pieuvres sont pourvues de nombreuses cellules lumineuses appelées « chromatophores » qui émettent de la lumière à l’aide de bactéries et de réactions chimiques. En dehors du camouflage ou de l’éloignement des prédateurs, de la séduction, les signaux lumineux des pieuvres servent à communiquer. Mais ça ne sera pas facile pour nous de comprendre leurs messages. « Des pieuvres des profondeurs possèdent même des ventouses lumineuses dont la fonction demeure énigmatique ». Sacrées pieuvres quand même ! On a du mal à comprendre la mauvaise image qu’elles ont souvent auprès du grand public.

« La fermeture et l’ouverture alternative des chromatophores engendrent la plupart des couleurs de la peau, avec des combinaisons différentes de foncé et de clair, produisant pour l’oeil humain de vraies nuances et parfois des dessins extrêmement variés. Les motifs résultants sont décris avec un grand nombre de termes très précis et parfois poétiques : rayures longitudinales chamarrées, barres transverses chatoyantes, marbrures, taches, bordures voyantes, côtés argentés, arcs étincelants et autres flammèches ou zébrures sont autant de termes pour décrire un motif sensé correspondre à une sorte de langage. » Langage... On nous dit même que des motifs peuvent se succéder un peu comme « des mots dans une phrase ». La pieuvre de l’espace est forcément nue. Des vêtements la rendraient muette ! La pieuvre exploratrice d’autres mondes ne peut que se déplacer dans des scaphandres totalement transparents ou revêtus d’un réseau d’émetteurs lumineux.

« Des centaines de combinaisons différentes d’association de chromatophores se succèdent en des séquences si rapides que l’oeil humain a de la peine à les détecter ». Le corps des pieuvres de « là-bas » peut se recouvrir avec célérité en une succession intense de symboles sémantiques complexes, tout ça associé à des mouvements des tentacules ayant eux aussi du sens, quel langage fantastique !

Ce site, « Les fabuleuses pieuvres de l'espace », est une émanation du Site pataginaire qui, aux côtés des pieuvres de l'espace, évoque divers sujets. Les textes sur les pieuvres y figurent avec une autre présentation dans la rubrique pieuvres de l'espace. Nos recherches nous ont appris que les pieuvres de l'espace ont atteint un degré d'ontologie tel qu'elles méritaient bien qu'un site leur soit entièrement consacré.