samedi 16 décembre 2006, par Piovr Octopovitch
Un site Internet entièrement consacré à l’exobiologie vaut le détour : http://www.exobio.cnrs.fr/. L’exobiologie est l’étude de la possibilité de vie extraterrestre par la science contemporaine. Aux antipodes de l’ufologie (soucoupes volantes & Roswell), l’exobiologie fait partie des sciences rationnelles et se pose des questions sur les conditions ayant permis l’émergence de la vie sur Terre, son existence éventuelle dans le Système solaire (vie bactérienne passée voire présente sur Mars, Titan, Europe - satellite de Jupiter qui abriterait un océan d'eau liquide sous sa croute de glace), certains citent même Encelade. Encelade est un satellite de Saturne constitué principalement de glace d’eau. Cette lune de 500 km de diamètre est active et émet des geysers d’eau : on parle de cryovolcanisme où l’eau liquide joue le rôle de la lave et la glace d’eau celui des roches. Il y aurait des poches d’eau liquide - d’où la question de la vie - sous les glaces d’Encelade.
Les astronomes comptent bien être techniquement capables d’ici une quinzaine d’année s’ils en ont les moyens financiers de détecter des planètes rocheuses de la taille et de la masse de la Terre et d’analyser les atmosphères de ces astres. Ils sauront alors si ces derniers sont courants ou rares, si leurs atmosphères sont riches d’oxygène, de méthane et autres indices de vie... du moins d’après ce qu’ils en pensent en s’inspirant du seul modèle de vie connu à ce jour : la Terre.
Il faut reconnaître que ce site Oueb, émanation du CNRS, n’est pas des plus simples à lire, mais il y a quand même moyen pour l’autodidacte d’y piocher des infos accessibles.
A titre expérimental, j'ai inscris le mot « pieuvre » dans le moteur de recherche interne du site, ce qui n’a rien donné. Plusieurs orthographes ont été tentés : avec majuscules, minuscules, au singulier, au pluriel (soit « pieuvre », « pieuvres », « Pieuvre » et « Pieuvres ») : toujours rien. Le champ a même été élargi afin de ne passer à côté d’aucune possibilité aux termes « poulpe », « calmar », « calamar », « seiche », « céphalopode », « ventouse » et « tentacule », toujours déclinés au pluriel, au singulier etc. : nada. Pourtant, le moteur de recherche fonctionne puisque les mots « Mars », « Titan » et « bactéries » donnent accès à une floppée d’articles. Une recherche avec « Choubaka » a également échoué. Nul n’est parfait.
Dans la même veine exobiologique, un petit bouquin - conçu pour le grand public ce coup-là - vient de sortir : À la recherche d’une vie extraterrestre (éditions Le Pommier / Citée des sciences et de l’industrie, 2006), de François Raulin, « professeur à l’université Paris-12 et responsable d’une équipe d’exobiologistes qui étudient Titan, Mars et les comètes. Il est responsable scientifique dans plusieurs missions spatiales, dont Cassini-Huygens, et auteur de nombreux ouvrages de vulgarisation » selon le quatrième de couverture. Rappelons que Cassini est la sonde satellisée autour de Saturne depuis 2004 et Huygens le bidule qui s’est posé sur Titan en janvier 2005.
Vous ne découvrirez dans ce petit livre aucun extraterrestre et certains seront frustrés parce que bon, l’exobiologie, si c’est pour découvrir des bactéries vivantes ou fossiles enfouies sous les sables de Mars ou les glaces de Titan, ça laisse sur sa faim parce que ce que l’on veut, en vérité, c’est un Univers peuplé de pieuvres et, disséminés de ce de là, de quelques Choubakas histoire de relever et pimenter le bazar. Hé ben, ça n’empêche pas. L’exobiologie du CNRS n’empêche nullement les services de simulation pataginaires de l’Institut de biologie de l’espace appliquée (section pieuvres) de travailler de leur côté. Nous verrons bien si un jour les approches exobiologiques du CNRS et les pataginaires se télescopent - ce qui serait une pirouette, dans l’espace, des plus plaisantes.
D'ailleurs, il faut signaler que ce livre cache un véritable trésor. Il y est écrit en pages 86 et 87 à propos de possibles intelligences extraterrestres :
« Si elle se présente, la vie intelligente ne revêt pas forcément des allures d’humanoïdes. Il y a sur Terre de nombreux animaux ayant une intelligence notablement développée : le dauphin en est un exemple. Évidement, sa morphologie est difficilement compatible avec le développement d’une civilisation technologiquement avancée. Mais un autre animal terrestre, comme le poulpe, s’il arrive à développer son intelligence dans les millions d’années à venir tout en gardant une morphologie non humanoïde, pourrait bien nous remplacer sur Terre ! »
(La mise en gras et en jaune est de moi-même.)
Il n’est bien sûr pas directement fait référence à l’existence de poulpes extraterrestres (il est bien dit qu’ils pourraient nous remplacer sur Terre), mais l’idée de poulpes intelligents comme nous pouvons l’être, donc cognitivement très développés, est avancée comme plausible. Voilà un pas essentiel de franchi vers les pieuvres de l’espace. Mieux, le poulpe, ou la pieuvre si vous préférez, est avancé comme non seulement un avenir possible pour la vie intelligente terrienne, mais aussi comme un modèle, un archétype, un étalon pour aider le lecteur à envisager une intelligence extraterrestre. Intelligence ET et pieuvres sont associés !
L’auteur dit aussi que là où la morphologie empêche l’intelligence du dauphin d’accéder à des technologies avancées, le poulpe, potentiellement, ne connaît pas de limites. Voilà qui va dans le sens de notre adage incontournable : avec une tête et des tentacules, le champ des possibles est immense et que, quoi que puisse savoir faire une créature de la Terre, il y a sûrement quelque part dans l’espace une pieuvre qui sait le faire aussi et, souvent, en mieux.
Il est remarquable de voir dans un livre de vulgarisation scientifique entièrement consacré à la vie extraterrestre l’association explicite d’intelligence et de poulpe (donc de pieuvres). Les sciences exobiologiques consolident le travail de l’Institut de biologie de l’espace appliquée (section pieuvres) et son concept de pieuvres de l’espace qu’il ne sera désormais jamais plus le seul à envisager. Un grand pas, oui.
Image
de Tiswango (voir
ici la license d'utilisation)
La Cité des sciences (Cité des Sciences et de l'Industrie, 30 avenue Corentin-Cariou, 75930 Paris cedex 19) organise du 14 novembre 2006 au 22 juillet 2007 une exposition intitulée « seuls dans l'Univers ? De la fiction à la réalité ». En navigant sur son site Internet, on y trouve quelque chose de très intéressant (allez dans « mondes extraterrestres » puis dans l'introduction du « zoo extraterrestres » - soit ici)
Ce que l'on y trouve, c'est une spéculation enthousiasmante, une sorte de portrait-type d'extraterrestre, le minima envisageable chez des êtres peuplant d'autres planètes. Voilà ce qu'il y en est dit :
« Alors, à quoi ressembleraient les extraterrestres ?
Personne ne sait réellement à quoi ressembleraient les extraterrestres, mais certains traits physiques sont apparus maintes fois sur terre. Les scientifiques pensent donc qu'ils pourraient aussi se former sur d'autres planètes.
Des yeux
Voir le monde alentour aide à trouver de la nourriture et à échapper aux prédateurs. Pratiquement tous les biologistes s'accordent à dire que certains extraterrestres auraient des yeux.
Des membres
Il est utile d'avoir des membres adaptés aux différentes tâches. Les extraterrestres développeraient certainement des membres ayant des fonctions spécifiques : bras, jambes et ailes.
Un centre de contrôle
Il est logique que des créatures complexes aient un cerveau qui contrôle leur corps. Étant donné que le cerveau fonctionne mieux s'il est proche des principaux sens, les extraterrestres les plus sophistiqués pourraient avoir une tête contenant le cerveau, les yeux, le nez, la bouche et les oreilles. »
Ces traits physiques - une tête et des membres - potentiellement essentiels et répandus dans l'espace appellent les remarques suivantes :
Au niveau des yeux, nous savons très bien que les pieuvres ont une très bonne vue.
Question membres, la pieuvre, avec ses huit tentacules (sans parler des calmars, proches parents des pieuvres, qui en ont dix !), n'a aucune leçon à recevoir de personne. Les pieuvres ont une très bonne préhension et savent manipuler des objets. Elles sont très bien pourvues pour peut-être un jour, dans un avenir lointain, sortir des eaux et peupler les continents comme s'amuse à l'imaginer François Raulin dans le livre décrit plus haut.
Pour le centre de contrôle, la pieuvre, dont l'organisme, hormis les tentacules, se résume à presque juste une tête, est aussi très avantagée.
Les pieuvres semblent bien, avec leur morphologie, remplir intégralement l'ensemble de ces critères de la manière la plus directe, sans fioritures et avec brio (d'où l'idée qu'elles sont probablement répandues dans l'espace, le plus simple se produisant plus souvent puisque ne demandant aucun élément superflu pour exister) : une tête et des tentacules.
« Les extraterrestres les plus sophistiqués pourraient avoir une tête contenant le cerveau, les yeux, le nez, la bouche et les oreilles ». Vous conviendrez aisément que le nez et les oreilles ne sont pas indispensables. On ne peut alors que conclure que la pieuvre réponds avec succès et avec une note de 20/20 aux critères exobiologiques de la Citée des sciences. Comme nous le soutenons sur ce site depuis des mois, la pieuvre semble bien être l'étalon, la forme de vie la plus simple, la plus répandue, la plus efficace et la plus aboutie de l'espace.
Pour conclure en beauté, toujours sur le même site, le chapitre « Dans les derniers territoires vierges » commence ainsi :
« Sur Terre, la vie est probablement apparue dans les océans, et les scientifiques pensent que les planètes situées à des années-lumière de la nôtre pourraient abriter des océans également favorables à la vie. Les progrès de la technologie nous donnent un aperçu des mystères du vaste monde et nous révèlent quantité de choses surprenantes sur la possibilité d'une vie extraterrestre dans l'univers. »
Voilà qui met l'eau à la bouche, et, question « quantité de choses surprenantes sur la possibilité d'une vie extraterrestre dans l'univers », on ne sera pas déçu du voyage ! Parmi une brochette de créatures sous-marines étonnantes, niche :
« Vampyroteuthis infernalis, vampire des profondeurs infernales. Ce poulpe tire son nom des rangées de crocs qui recouvrent l'intérieur de ses tentacules. Lorsqu'il est attaqué, il se retourne plus ou moins comme une chaussette et se protège ainsi, en exposant ses piquants. Très répandu, il vit à 3 km de profondeur, dans les océans, bien loin des humains. »
Vampyroteuthis infernalis (Carl Chun, 1911, image trouvée chez Wikipédia)
Une recherche sur le Net nous indique que l'animal semble être une interface entre la pieuvre (il possède 8 tentacules) et le calamar et mesure moins de 20 cm de long. Il est le seul représentant de l'ordre des Vampyromorphes, et est peut-être proche du dernier ancêtre commun de la pieuvre et du calamar.
On se trouve là embarqué en plein chemin droit vers les pieuvres de l'espace. On y arrive en plein un peu plus loin :
« Pieuvre. Capable de changer de couleur à volonté et de modifier la texture de sa peau pour se fondre dans son environnement, la pieuvre dispose également de deux cœurs, huit tentacules et un bec semblable à celui d'un perroquet. Les pieuvres vivent dans presque tous les océans de la Terre, et certains disent qu'elles sont plus intelligentes que les chiens. Certaines formes d'intelligence sont plus répandues parmi les créatures terrestres que nous ne le pensions.Quelles peuvent-être alors les possibilités sur les mondes extraterrestres ? »
Nous ne saurions mieux le dire.
2006, l’année des pieuvres de
l’espace.
Ce site, « Les fabuleuses pieuvres de l'espace », est une émanation du Site pataginaire qui, aux côtés des pieuvres de l'espace, évoque divers sujets. Les textes sur les pieuvres y figurent avec une autre présentation dans la rubrique pieuvres de l'espace. Nos recherches nous ont appris que les pieuvres de l'espace ont atteint un degré d'ontologie tel qu'elles méritaient bien qu'un site leur soit entièrement consacré.