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La planète Gisèle 581c

lundi 14 mai 2007, par Piovr Octopovitch

Au laboratoire de l’Institut de biologie de l’espace appliquée, section « pieuvres, seiches & calmars », nous façonnons à coup de simulations zincomatiques (autour d'un comptoir en zinc) des céphalopodes extraterrestres et les projetons par le moyen du vaisseau interstellaire le plus rapide possible – l’imagination – sur toutes les planètes extrasolaires (qui tournent autour d’autres étoiles que le Soleil) que les astronomes détectent et nous testons leurs survies potentielles dans ces mondes encore largement inconnus. Nous calculons alors l’indice TEPP (Taux d’espoir de présence de pieuvres) de ces planètes, manière de défricher le terrain dans l’espoir qu’un jour l’Humanité sera capable d’établir les indices IRPP (indice réel de présence de pieuvres) de ces mondes malheureusement encore, et qui le seront même probablement toujours tellement qu’c’est loin, hors de notre porté.

deux soleils
Lever (ou coucher) de doubles-soleils vu depuis une planète extrasolaire hypothétique.
Image du Planetary Photojournal (Nasa)

Dévoilons ici quelques exemples récents, histoire de montrer que l’Institut de biologie de l’espace appliquée (section « pieuvres, seiches & calmars »), c’est pas du pipeau, ça bûche vraiment. Bon, voyons-voir, ouvrons la malle, vous savez, ce coffre de pirate, pas toujours réel, de votre enfance où vous aviez alors l’audace de cacher les trésors imaginaires les plus précieux. Un coffre, de la taille d’une malle, en haut, dans un grenier, un coffre de la taille d’une malle assez grand pour contenir un univers entier, avec ses cortèges d’univers parallèles et perpendiculaires et des qui se croisent selon tous les angles cosmo-quantiques possibles et impossibles. Hé ben nous, on a réussi à en garder un, et c’est là que nichent nos pieuvres, celles de l’espace. On y compile aussi des informations qui concernent les céphalopodes et l’astrophysique. On y tient scrupuleusement des dossiers à jour, des éléments essentiels et d’autres, apparemment anodins, mais qui, si ça se trouve, révèleront un jour toute leur importance. Notre coffre est, en quelque sorte, aussi un genre de bibliothèque.

Parmi les dernières entrées, quelques données sur des exoplanètes aux noms de matricules. Tiens ! Celle-ci ! HD 149026b. (HD 149026a étant son étoile). Distance : 256 années-lumière. Nous y projetons une pieuvre pataginaire de l’espace. Temps de voyage : instantané. « Une planète qui serait comme un charbon ardent. Totalement sombre, la planète HD 149026b ne renvoie quasiment aucune lumière venant de son étoile, dont elle fait le tour en 2,9 jours, absorbant de très grandes quantités de chaleur. À sa surface, la température atteindrait les 2040°C, du jamais vu pour une planète ». Pieuvre carbonisée. Pieuvre évaporée. « D’une taille comparable à celle de Saturne, [HD 149026b] possède un noyau qui serait 70 à 90 fois plus massif que la Terre ». Pieuvre ratatinée. Taux d’espoir de présence de pieuvres : zéro, zéro, zéro. (Citations de « Vents forts et températures caniculaires », NOUVELOBS.COM, 10/5/2007)

Celle-là ! Planète HD 189733b. « Cette géante gazeuse tourne autour de son étoile en 2,2 jours en présentant toujours la même face à son soleil ». Ça, ça ne dérange pas d’éventuelles pieuvres autochtones. Patience, nous aborderons ce point particulier plus en détail plus loin dans cet article. « Côté éclairé, la température est de 930°C, côté sombre elle est de 650°C [...]. Pour que la différence entre les deux côtés soit aussi faible, il faut que des vents soufflant à plus de 9000 km/h homogénéisent la planète. » Pieuvres carbonisées, évaporées et dispersées dans l’atmosphère. Indice TEPP également de zéro virgule zéro zéro etc. (Sources : idem qu’auparavant.)

Mais.

Mais.

Mais !

Gliese 581c !

Nous, on l’appelle « la planète Gisèle », parce que « Gisèle », c’est un anagramme de « Gliese » (Gliese 581 est l’étoile-mère). Et « Planète Gisèle », mon foi, c’est qu’ça sonne bien ! Alors, qui es-tu, planète Gisèle ? « C’est une planète où il fait bon vivre. Parmi les 250 exoplanètes détectées à ce jour dans la Voie lactée, Gl 581c est même la seule sur laquelle il ne fait ni trop chaud, ni trop froid pour que la vie ait une chance de s’y développer. » Signal d’alarme ! Sabrez le rouge ! Espoir de pieuvres maximum ! « Ce monde, dont la découverte vient d’être annoncée par une équipe franco-suisse, est donc pour les astronomes l’exoplanète la plus excitante qui soit. Et ce d’autant plus qu’elle est l’une de nos plus proches voisines, située à seulement 20,5 a-l ! » Pieuvres voisines ! Voyons z’y voir de plus près. « Cinq fois plus massive que la Terre, Gl 581 c affiche un diamètre à peine 1,5 fois plus grand. » Gravité adéquate. « Comme la Terre, elle circule dans la zone habitable de son étoile, c’est-à-dire à une distance telle que la température permet l’existence d’eau sous sa forme liquide ».

Hi ha ! (Citations de « Une planète habitable découverte au voisinage du Soleil », cieletespace.fr, 25/4/2007)

Planète idoine.

Les pieuvres conceptuelles projetées nagent, nombreuses, dans les océans de la planète Gisèle ! Elles peuplent les terres. On leur a même trouvé un nom : les Giséléennes. L’espoir de pieuvre y est maximum. À la louche : 99,99 %. D’autres éléments pour vous convaincre ? « “Il est presque certain que nous avons affaire à une planète rocheuse, indique Michel Mayor, membre de l’équipe et découvreur avec Didier Queloz de la toute première exoplanète en 1995. Il pourrait éventuellement s’agir d’une planète océan, entièrement recouverte par les eaux. Mais une chose est sûre : elle est trop peu massive pour être constituée de gaz”. » (Même source que précédemment).

On nous dit aussi que la température y serait comprise entre zéro et 40°, ce qui paraît hospitalier pour la vie, même s’il faut prendre soin de garder en tête que « l’estimation de la température repose également sur l’hypothèse que l’atmosphère de cette planète rocheuse ne développe pas un effet de serre démesuré comme celui de Vénus » [où il fait tout de même 460°] selon les mots d’un « astronome à l’observatoire de Grenoble et co-auteur de cette découverte » sur le site Internet de la Cité des Sciences (« Planètes extrasolaires : une “Terre” à la bonne température ? », 27/4/2007)

Quoi d’autre ? L’année y est de treize jours terrestres. L’étoile, de type « naine rouge », plus froide et moins massive que le Soleil, peut « vivre » bien plus longtemps. Des centaines de milliards d’années, lit-on souvent dans la littérature de vulgarisation astronomique, contre dix milliards pour notre étoile. Et le Soleil en a déjà cinq. Autrement dit : si le Soleil sent déjà le sapin (d’un point de vue cosmologique), les Giséléennes, elles, elles ont l’temps, avec leur petite étoile. De toute façon, le temps, pour elles, est une notion assurément, ben, inexistante quoi. Pourquoi ça ? J’y viens.

Et oui, la planète est si proche de l’étoile qu’il est fort possible que les forces de marée exercée par l’astre stellaire aient « figé » la planète qui présenterait alors toujours la même face au « Soleil ». Un face serait constamment éclairée, et l’autre toujours plongée dans la nuit. Un peu comme la Terre vue de la Lune (qui lui présente également, et pour les mêmes raisons, toujours la même face), l’étoile est immobile dans le ciel giséléen. Elle ne se lève pas et ne se couche pas. Pour les créatures de cette face constamment éclairée, la notion de « journée » n’a pas de sens. Il ne peut probablement pas y avoir de saisons non plus. Comment alors imaginer mesurer le temps ? Pas simple.

Aucune étoile n’est visible depuis la face éclairée. Il y aurait bien pour nos Giséléennes la solution du voyage vers la face nocturne. Mais celle-ci est-elle hospitalière ? Ne susciterait-elle pas une frayeur, un tabou proscrivant toute visite, ne regorge-t-elle pas de créatures nocturnes effrayantes ? Les mythes et légendes des peuples céphalopodes de cette planète sont probablement prodigieux et... terribles. Terrible dualité entre jour et nuit bien plus dense que chez nous (le jour éternel, la nuit éternelle).

Un article du site Internet Futura Sciences (« Les plantes extraterrestres ne sont pas bleues », 22/4/2007) nous éclaire sur les éventuels « végétaux » ou équivalents extraterrestres en décrivant des simulations de chercheurs du Virtual Planetary Laboratory dépendant de la Nasa. On nous y explique que « pour exploiter l’énergie lumineuse de son étoile, la vie doit récupérer les longueurs d’onde les plus profitables. Ce qui dépend du type d’étoile et de la composition de l’atmosphère. [...] Près d’une naine rouge, qui émet dans les grandes longueurs d’onde et dont la puissance lumineuse est plutôt faible, les plantes auraient grand intérêt à être noires, pour absorber le maximum d’énergie. Si cette étoile émet beaucoup d’infrarouge, alors sans doute y aura-t-il des feuilles grises. Mais on pourra aussi trouver des végétaux violets qui chercheraient le rouge voire un peu de jaune. [...] Autour d’une étoile plus chaude que le Soleil, l’équipe de Nancy Kiang verrait bien des plantes blanches, pour limiter l’énergie reçue. Mais des feuilles vertes, jaunes, orange et rouges conviendraient aussi. [...] Mais partout, expliquent ces chercheurs, il est vraisemblable que la vie cherche à utiliser la lumière bleue, la plus énergétique. Les végétaux seraient alors de n’importe quelle couleur, sauf le bleu. »

Gageons que, la nature étant plus variée que les prédictions des savants, il existe nombre de planètes aux végétaux bleus. Allez ! Faisons le pari que les plantes de la planète Gisèle le sont ! Les scientifiques trouveront bien l’explication idoine qui s’imposera en temps voulu.

La face éclairée de Gisèle serait ainsi tapie de forêts bleues et noires (concédons au laboratoire de planètes virtuelles de la Nasa les feuilles noires des planètes orbitant autour d’étoiles naines rouges), mais la face cachée risque fort d’être un immense désert, faute de lumière pour y faire vivre nos plantes hypothétiques. Peut-on envisager des forêts de champignons géants s’y substituant ? Et pourquoi pas, hein ? « Depuis près de 150 ans, de curieux fossiles ressemblant à des troncs d’arbres divisent les spécialistes. Des chercheurs américains affirment aujourd’hui qu’il s’agissait bien d’un champignon. Un champignon géant » d’environ 6 mètres de haut ! (Citation de « A-t-il existé des champignons de 6 mètres de haut ? », NOUVELOBS.COM, 25/4/2007) L’hypothèse n’est pas totalement délirante. Si on peut envisager des champignons géants dans le lointain passé de notre Terre, pourquoi ne pas en disposer sur notre bonne Gisèle.

Les sceptiques, et nous ne leurs reprocheront pas de l’être (c’est mieux que la croyance aveugle au grand dieu Porte Nawak), sortiront de leur bibliothèque un livre de botanique pour démontrer que la lumière est l’énergie vitale pour les plantes, et que sans elles, hé ben, une forêt de champignons, c’est pas imaginable. Car ce sont bien les plantes qui récupèrent le carbone de l’air, qui enrichissent le sol, qui sont le premier maillon qui synthétise la matière nutritive des autres organismes, animaux et champignons. Sans plantes, la face nocturne de Gisèle est vouée à être un désert stérile.

champipi et feuille morte<<< La feuille morte, ce carburant de la vie. (Image du domaine public)

Nous avons une solution : les feuilles mortes ! Par un processus identique à celui envisagé pour la planète géante HD 189733b décrit en début d’article, la face éclairée de Gisèle est plus chaude que la nocturne. Il s’en suit des vents violents aptes, il est raisonnable de le penser, à emporter les feuilles mortes des plantes de la face éclairée à la face nocturne. Un apport continuel de feuilles mortes peut servir de substrat nutritif de base pour les champignons.

Quelle étrange planète que voilà, au final. Avec sa face éclairée recouverte de forêts bleues et noires, sa face nocturne peuplée de forêts de champignons géants, ses nuages de feuilles mortes migrant vers la nuit, son temps figé, son écosystème à coup sûr fabuleux probablement doté de têtes et de tentacules innombrables. Une étoile partie pour briller des centaines de milliards d’années, idéal pour la sagesse. En voilà, du monde extraterrestre ! Adopté !

Ce site, « Les fabuleuses pieuvres de l'espace », est une émanation du Site pataginaire qui, aux côtés des pieuvres de l'espace, évoque divers sujets. Les textes sur les pieuvres y figurent avec une autre présentation dans la rubrique pieuvres de l'espace. Nos recherches nous ont appris que les pieuvres de l'espace ont atteint un degré d'ontologie tel qu'elles méritaient bien qu'un site leur soit entièrement consacré.