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La présence ou l'absence de ventouses chez les
pieuvres de l'espace seraient liées au régime
alimentaire et au mode de locomotion

mercredi 8 novembre 2006, par Piovr Octopovitch

Les pieuvres de l’espace sont d’une variété inouïe. N’oublions pas qu’elles représentent 99,999 % de la vie dans l’Univers ! Elles peuplent les plus improbables niches écologiques que l’imagination humaine serait bien en peine de concevoir. Elles ne sont donc pas toutes identiques. Leurs traits communs, nécessaires et suffisants, sont la tête et les tentacules. La ventouse, bien qu’indéniablement répandue, semble accessoire, voire inutile dans certains cas que nous allons développer dans cet article. Il existe de façon certaine - l’Univers est trop vaste pour que ce ne soit pas le cas - nombre de pieuvres de l’espace sans ventouses. Sans ces dernières, une pieuvre reste indubitablement une pieuvre.

Pourquoi certaines pieuvres de l’espace n’ont-elles pas de ventouses ? Hein ? Les ont-elles perdues ? Ne les ont-elles jamais eu ? Et puis, à quoi ça sert, les ventouses ?

Dans les océans de la Terre, les ventouses des pieuvres les aident à avoir une meilleure emprise sur leurs proies, par exemple des crabes. Nos pieuvres sont des prédatrices. Mais dans l’espace, il existe sûrement des pieuvres végétariennes. Ceci peut expliquer l’existence de pieuvres sans ventouses, puisque n’ayant nulle proie à attraper. L’évolution des êtres de la Terre a montré que, quand l’utilité première d’un organe devient caduque, ce dernier peut disparaître (il en reste souvent quelques « vestiges » anatomiques, comme des restes de doigts dans les nageoires des dauphins) ou servir à autre chose (les scientifiques appellent ça « l’exaptation ». Par exemple, les os dans nos oreilles servant à l’audition sont issus d’os qui rattachaient la mâchoire au crâne de nos lointains ancêtres, os devenus inutiles dans l’anatomie du crâne et de la mâchoire des mammifères par rapport aux reptiles. Ces os n’ont pas disparu, ils ont migré vers nos oreilles en changeant de rôle. On appelle aussi ce phénomène le « bricolage de l’évolution »). De la même manière, dans l’espace, des pieuvres devenues végétariennes (et c’est possible, sur Terre, par exemple, le panda descend d’un ours carnivore) ont très bien put perdre leurs ventouses.

Pour que des pieuvres végétariennes aient des ventouses, il faut que ces dernières, qui ne servent pas à saisir les proies, leur soient utiles. Nous en imaginons bien une, d’utilité : se fixer à un support.

Ces pieuvres-là ont donc vraisemblablement la capacité de se fixer et même de se déplacer à l’aide de leurs ventouses sur des surfaces fortement inclinées ou verticales, comme des parois et des plafonds de grottes ou des branches d’arbres. Quoique, avec les arbres, les tentacules semblent suffire en s’enroulant autour des branches, comme le font certains fantastiques singes d’Amérique du Sud pour se suspendre avec leur queue. Il existe ainsi à tous les coups plus de ventouses chez les pieuvres végétariennes troglodytes que chez les pieuvres végétariennes arboricoles.

Les ventouses peuvent aussi être utiles aux pieuvres végétariennes montagnardes en leur permettant de vivre dans des lieux escarpés et aux bords de hautes falaises. Ces pieuvres sont potentiellement plus habiles pour se déplacer que nos bouquetins et chèvres de montagnes. Elles risquent moins de mourir dans une chute si elles arrivent à se projeter sur la falaise (elles se guident dans les airs à l’aide des membranes de peau reliant leurs membres à la façon de nos écureuils volants) et à s’y fixer avec leurs ventouses. Elles peuvent aussi échapper à leurs prédateurs en se réfugiant le long des parois à pic des falaises.

Les ventouses sont indéniablement totalement absentes chez les pieuvres herbivores des prairies, déserts, savanes, marécages, plaines et forêts (l’équivalent écologique de nos vaches, éléphants, sangliers etc.).

pieuvre sur surface verticale
Image de Tisvango. Voir la license.

Deux scénarios décrivant l'évolution des ventouses

nebuleuse de l'Oeil du chatQuestion ventouses, il y a deux possibilités pouvant mener à des variétés de pieuvres de l’espace avec ventouses et des sans ventouses.

1. Les pieuvres originelles ont des ventouses (elles sont donc carnivores). Certaines d’entre-elles adoptent le régime alimentaire végétarien et possèdent encore leurs ventouses. Ces pieuvres-là évoluent ensuite vers deux formes : certaines adaptées à des milieux particuliers et restreints comme les troglodytes et les montagnardes gardent leurs ventouses. Les autres perdent leurs ventouses dont subsistent éventuellement des vestiges. Des ventouses riquiqui, quoi, à l’image des bras rachitiques du tyrannosaure.

Ce qui se résume par le cheminement évolutif suivant : pieuvres carnivores à ventouses (celles-ci restent présentes) >>> pieuvres végétariennes à ventouses >>> pieuvres végétariennes à ventouses (troglodytes et montagnardes) et pieuvres végétariennes sans ventouses (pieuvres de prairies, plaines, déserts, marais, marécages...)

2. Les pieuvres originelles n’ont pas de ventouses, elles sont végétariennes. Certaines d’entre-elles adoptent le régime alimentaire carnassier et développent des ventouses. Certaines de ces pieuvres carnivores à ventouses vivant dans des milieux restreints comme les montagnes et les cavernes reviennent vers le végétarisme mais conservent leurs ventouses qui, par exaptation, changent de rôle et servent à se fixer et se déplacer sur des surfaces fortement inclinées et verticales.

Le cheminement évolutif est ici : pieuvres végétariennes sans ventouses (celles-ci restent présentes) >>> pieuvres carnivores à ventouses >>> pieuvres carnivores à ventouses et pieuvres végétariennes à ventouses.

Le fait que sur Terre les céphalopodes (pieuvres, calmars, seiches) aient tous des ventouses et soient tous carnivores nous poussent à croire que la ventouse est originelle et doit être un caractère étant apparu tôt dans leur histoire. Nous sommes partisans du premier scénario. Mais, le débat est loin d’être clos, et gageons que l’évolution des céphalopodes terrestres est peut-être bien un cas particulier au sein de l’immensité des possibles de l’Univers. Prenons garde à ne pas trop généraliser à partir de notre petit astéroïde bleu, la Terre.

Ce site, « Les fabuleuses pieuvres de l'espace », est une émanation du Site pataginaire qui, aux côtés des pieuvres de l'espace, évoque divers sujets. Les textes sur les pieuvres y figurent avec une autre présentation dans la rubrique pieuvres de l'espace. Nos recherches nous ont appris que les pieuvres de l'espace ont atteint un degré d'ontologie tel qu'elles méritaient bien qu'un site leur soit entièrement consacré.