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La pieuvre de Mars de Boris Vian

vendredi 16 juin 2006, par Piovr Octopovitch

Cela fait cinquante années que l’oeuvre de Boris Vian hébergeait une pieuvre de l’espace et nous ne nous en étions pas rendu compte. Hasard de la recherche où l’on trouve des choses là où on ne les cherche pas alors qu’à vrai dire on ne cherche rien du tout. Vous lisez un recueil de textes et de chansons de Boris Vian trouvé comme ça dans un kiosque à bouquins d’occasion et hop ! Une pieuvre de Mars surgit ! Elle apparaît dans la chanson Java martienne datée de l’année 1956. Marsoctopus borisviani - c’est le nom que nous avons attribué à cette pieuvre en adaptant le nom de la pieuvre commune terrienne, Octopus vulgaris - vient de naître à nous à l’âge de cinquante ans. Il s’agit là de la découverte par la littérature - nous pouvons en effet considérer les textes des chansons comme faisant partie de la littérature - de la deuxième pieuvre de la planète Mars identifiée à ce jour, tenant ainsi compagnie à la pieuvre de Herbert George Wells (La guerre des mondes), Marsoctopus Wellsi. Une seconde pieuvre martienne, mais, pacifique cette fois. Voilà qui mérite le « sacrifice » d’une bonne quille de rouge pour fêter cet événement. Ça n’arrive pas souvent, tout de même, alors, ne loupez pas l’occasion de réjouir ainsi votre palais et d’enchanter votre gosier !

Dans sa chanson, Boris Vian raconte une histoire d’amour entre un voyageur terrien en visite sur la Planète rouge et une pieuvre martienne. 

« En descendant de la fusée / Je l’ai trouvée presque aussitôt / Et je suis resté médusé / Tu m’avais pris au lasso / Je t’ai suivie sur la pelouse / Tes tentacules autour du cou / Et avec tes petites ventouses / Tu m’as fait des baisers partout [...] »

« Tentacules » et « ventouses ». Très forte probabilité de pieuvre. En l’absence des « ventouses », nous aurions été pleins de doute à cause de la présence du mot « médusé » au début de la chanson. Il aurait put s’agir dans ce cas d’une sorte de méduse de l’espace, mais, même si les pieuvres de l'espace ne possèdent pas toujours de ventouses, les méduses de l'espace, si elles existent, n’ont jamais de ventouses. La méduse est un animal trop élémentaire pour cela. Alors, des tentacules munies de ventouses sont-elles suffisantes pour que la Martienne de Boris Vian soit une pieuvre ? L’écrivain chansonnier ne décrit pas sa créature de manière aussi précise que H. G. Wells dans La guerre des mondes, mais d’autres éléments anatomiques apparaissent dans la chanson : nous y avons trouvé la présence de trois yeux bleus pour la Martienne et de treize jambes chez le fils issu des amours interplanétaires de cette dernière et du Terrien.

une pieuvre de l'espace chez Vian
La surface de Mars en 2006 par le robot-sonde Spirit. Les couleurs sont presque naturelles.

Le fils apparaît à la fin de la chanson : « Un jour je monterai peut-être / Chercher le fruit de nos amours / cet enfant bâti comme un hêtre / Qui naquit au bout de huit jours / En voyant amarsir son père / Le chéri l’aimera beaucoup / Et prendra pour courir lui dire / Ses treize jambes à ses deux cous. »

Le fils hybride possède des attributs anatomiques provenant des deux espèces. Les treize jambes viennent selon toute vraisemblance de la mère dont on peut déduire ici qu’elle possède treize tentacules. La présence de deux cous, totalement incompatible avec un corps de pieuvre, provient du père humain. Pourquoi alors deux cous et non un seul ? Cela met-il en cause notre théorie ? Et bien, en aucune façon. Il s’agit seulement d’un cou unique, mais dédoublé. Autrement dit, un cou unique accompagné de son clone. Potentiellement, un cou surnuméraire non fonctionnel. Cet aspect fortifie notre hypothèse puisqu’on ne peut pas concevoir avec sérieux un croisement entre deux espèces - en plus issues de deux mondes différents - qui serait parfait, sans mutation à la noix ni organe incompréhensible et/ou inutile.

La pieuvre de Vian possède donc treize tentacules et une tête avec trois yeux, la présence des yeux impliquant - jusqu’à preuve du contraire - celle d’une tête. Aucun autre organe n’est évoqué ! C’est donc qu’il n’y a pas d’autre organe ! Nous en arrivons alors à un organisme complet pouvant se résumer avec la formule exobiologique universelle « une tête et des tentacules ». Comment faire plus pieuvre que ça ? Le nombre d’yeux (ici trois) et de tentacules (treize contre huit pour les pieuvres terrestres) sont des adaptations particulières à la planète et s’expliquent très facilement. Mars étant plus éloignée du Soleil que ne l’est la Terre, des yeux plus grands ou plus nombreux paraissent nécessaires afin de capter une lumière plus faible. Quant au nombre de tentacules, nous remarquerons que les calmars - êtres proches des pieuvres s'il en est - en possèdent dix ! Comme quoi, il ne faut pas chipoter sur le nombre de tentacules. La pieuvre de Wells en possédait bien seize, regroupés en deux faisceaux de huit ! Cinq nous semble être un minimum. Il ne semble pas y avoir de limite supérieure, mais autour de la dizaine devrait être optimal.

Auteur talentueux, pataphysicien éminent, Boris Vian n’était pas un écrivain de science-fiction. Et pourtant, avec les quelques vers d’une courte java martienne, il étale sévère les tristes cloneurs de petits Roswell, que ce soit dans la science-fiction ou chez les ufologue (UFO voulant dire OVNI en anglais). De plus, trois ans seulement après la reprise cinématographique de La guerre des mondes où les Martiens de H. G. Wells - qui, à l'origine, étaient des pieuvres - ont été transformés en patates-cyclopes, Vian rétablit une pieuvre sur Mars.

Merci.

Ce site, « Les fabuleuses pieuvres de l'espace », est une émanation du Site pataginaire qui, aux côtés des pieuvres de l'espace, évoque divers sujets. Les textes sur les pieuvres y figurent avec une autre présentation dans la rubrique pieuvres de l'espace. Nos recherches nous ont appris que les pieuvres de l'espace ont atteint un degré d'ontologie tel qu'elles méritaient bien qu'un site leur soit entièrement consacré.