En jonglant sur le Net à la recherche d’informations sur un roman d’Herbert George Wells (Les Premiers Hommes sur la Lune, 1901), déception. Nous n’avons pas trouvé beaucoup de matière à penser. Nous sommes par contre tombés sur un site de science-fiction qui commentait quelque peu les oeuvres de Wells parmi d’autres. Un petit commentaire nous fait réagir : le critique littéraire - nous le sommes tous quand nous commentons des livres, et les dits « professionnels » de la critique littéraire ne paraissent pas plus pertinents que les « amateurs » - évoque la « naïveté » de la représentation des Martiens par Wells. Nous avions déjà relevé dans Les pieuvres de Wells escamotées que ces Martiens-là étaient des pieuvres. Nous avions même cité les passages de La guerre des mondes où l’écrivain décrit ces extraterrestres. Alors, naïves, les pieuvres de l’espace ? On se demande bien pourquoi...
Pour trouver les pieuvres naïves, il faut les comparer aux autres types d’extraterrestres de romans et de films, les seuls dont nous disposons à l’heure actuelle. A moins que... Nous allumons la radio pour voir s’il n’y aurait pas une info inédite à ce sujet, au cas où. Après vérification, il ressort que non, la Nasa ne déclare aucun OVNI au large de Saturne, de Mars - là où il y a des satellites artificiels en activité - ni dans la banlieue terrestre. Rien du côté de Hubble ni de l’agence spatiale européenne - l’ESA - qui possède des satellites en activité en orbite autour de Mars et de Vénus. Pas de scoop volante non plus de la part de la sonde New Horizon en route vers Pluton et qui erre entre Mars et Jupiter. La sonde Messenger sur le chemin de Mercure depuis 2004 garde le silence sur le sujet. Les Japonais, dont une sonde a exploré l’astéroïde Itokawa l’année dernière, n’ont rien déclaré non plus niveau OVNI, mais depuis elle ne marche plus. Il y a donc pas mal de sondes spatiales qui zonent dans le Système solaire et, visiblement, celui-ci ne semble pas encore visité par des ET. De toute façon, si elles découvraient un OVNI, les agences spatiales nous le diraient-elles ? Sans tomber dans la parano ufologique qui nous agace profondément, nous ne pouvons écarter le scénario d'un silence, si jamais....
« Flying Octopi
». Image de Mozul
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Il n’y a donc pas d’autre choix que de s’en tenir à ceux de la science-fiction. Citons les plus célèbres, comme ils nous viennent à l’esprit :
Roswell. Comment trouver plus naïf que ça ? Réduisez la taille d’un humain, enlevez les poils, les oreilles, le nez, mettez-y des grands yeux noirs, gonflez la tête pour l’intelligence, enlevez le sexe et la raie des fesses pour ne pas choquer les familles (Hollywood...). Les pieuvres de l'espace les écrasent.
Alien. Crocodile, un peu insecte, vert-noir, grosses dents (et même une rangée de dents dans les dents), et qui charcle. Tueur, mais, naïf dans la représentation du monstre. Pourquoi un monstre extraterrestre dangereux ressemblerait à nos prédateurs à nous, terriens ? Pourquoi ressemblerait-il à l'archétype de ce qui nous fait peur et repousse la plupart des gens : les insectes et les reptiles ? Il y a plus de nous-même que d'extraterrestres dans les Aliens.
Bon, il faut reconnaître que le dernier Alien (le quatrième film, Alien. Résurrection) a évolué. Il éprouve des émotions. Pour faire court, son ADN a été croisé avec celui de l’héroïne de la série. Ce dernier est quelque peu humanisé (et inversement pour l’héroïne, qui en fait est un clone « aliénisé » reconstitué par des savants cyniques), et la mort de la bête est triste. Le monstre n’en est plus vraiment un - même s’il charcle encore un peu - il devient un « être » véritable. Les vrais monstres sont les savants cyniques. Il y a un côté créature de Frankenstein là-dedans. Mais cette ouverture philosophique s’estompe vite. Le dernier Alien apparu dans les salles obscures (Alien vs Predator) régresse au stade crocodile. Sans les larmes. Retour au monstre « naïf ». Les pieuvres de l’espace décrites par le Laboratoire de biologie de l’espace appliquée (section pieuvres), elles, restent fidèles à elles-mêmes.
ET. La tortue pour enfants, un lapin rose en peluche est moins naïf que ça !
Les Martiens de Mars attacks. Chapeau à Tim Burton ! Mais le film est hors-compétition. Le trait du Martien vert, gros cerveau, à tête de mort dans un scaphandre est volontairement forcé et provient de cartes postales des années 1950.
La créature d’Horribilis. Ce film de James Gunn, sorti en France le 19 avril 2006, a l’avantage d’évoquer des créatures venant de l’espace dotées de superbes, majestueux et grandioses tentacules. Le terme « pieuvre » y est même employé à plusieurs reprises ! D'où l'absence totale de naïveté de l'extraterrestre.
Ce petit tableau montre bien que les pieuvres extraterrestres ne sont pas les plus naïves de la brochette d’habitants de l’Univers apparus dans la SF. Elles tiennent la route, haut la main - ou plutôt, « hauts les tentacules » !
La petite investigation à l’origine de ce texte nous a permis de découvrir un fait essentiel : dans Les travailleurs de la mer (1866) écrit pendant son exil dans les îles anglo-normandes, Victor Hugo a écrit une nouvelle intitulée La pieuvre. Nous avons appris que le mot « pieuvre » vient du normand, et que ça serait Hugo qui aurait popularisé ce mot s’étant substitué - mais non totalement - à « poulpe » dans le langage courant. Le Petit Robert confirme cette origine. (« Pieuvre. nf. - 1866 ; mot norm. ; lat. polypus. ») Les Italiens ont emprunté pieuvre, avec piovra.
Vous pouvez faire « un petit pas pour l’homme... » avec « un petit mot pour l’homme, un grand concept pour l’humanité ». Il suffit, au hasard des discussions, de systématiquement parler de pieuvres quand une personne parle d’extraterrestres. Par exemple, « moi, je les vois bien en pieuvres. Roswell, ça tient pas. » Pensez-y ! Il faut diffuser autant que possible l’équation extraterrestre = pieuvre. Que les gens fassent cette association. Pieuvres et espace. Même si on commence en étant une poignée, de proche en proche, l’idée peut se diffuser et prendre de l’ampleur. Il en sortira bien quelque chose. La fin de Roswell, par exemple, serait déjà un progrès.
Essaye.Ce site, « Les fabuleuses pieuvres de l'espace », est une émanation du Site pataginaire qui, aux côtés des pieuvres de l'espace, évoque divers sujets. Les textes sur les pieuvres y figurent avec une autre présentation dans la rubrique pieuvres de l'espace. Nos recherches nous ont appris que les pieuvres de l'espace ont atteint un degré d'ontologie tel qu'elles méritaient bien qu'un site leur soit entièrement consacré.